Quelques notes concernant l'histoire du site de St-Véran.



A propos de la coupole...

La coupole de Paris à Saint-Véran...

Hiver 2015/2016, crédit F. Taris, SYRTE-OP

... et la coupole de Saint-Véran à Paris.
Le bâtiment Perrault de l'Observatoire de Paris, dans les années 1960, avec la fameuse coupole de l'ouest maintenant à l'Observatoire de Saint-Véran (Crédit: Observatoire de Paris). Cette coupole a été construite au milieu des années 1950, mais nous ne savons pas de façon certaine qui en était le constructeur. Elle ne doit pas être confondue avec une précédente coupole (ci dessous) dont les fenêtres étaient rectangulaires (1).
La première coupole de l'ouest sur le toit du bâtiment Perrault a été construite au 19e siècle. L'instrument qu'elle abritait a été utilisé jusqu'en 1949 par un astronome amateur, le Docteur (en médecine) Paul Baize, pour l'observation des étoiles doubles. En 1949, la vétusté de la coupole a interrompu les observations(2).

A propos de l'observatoire...

En 1963 C. Fehrenbach, qui est alors directeur de l’observatoire de Haute-Provence, reprends des idées d’ A. Danjon datant de 1925 et demande au CNRS l’inscription au cinquième plan d’équipement français (1966-1970) d’un télescope de 3.50m de diamètre(3).
L’Institut National d’Astronomie et de Géophysique (INAG), crée en 1967, s’attaque immédiatement au choix du site, aux caractéristiques du télescope et à sa réalisation.
A la suite des rapports de l'INAG de juin 1970(4) plusieurs sites seront préssentis. R.Cayrel fera également la proposition d’observations complémentaires dans la région de Saint-Véran, des pilotes d'Air-France ayant remarqué la faible turbulence au dessus de la région du Haut Queyras. Les résultats obtenus (du 1er juillet 1970 au 7 Août 1971, rapport Ravaut/Semiond) montrent que le site du pic de Châteaurenard (2930m), au-dessus de Saint-Véran, est le meilleur site en Europe (2) (Canaries exclues).
Cependant, aucun des sites sélectionnés, pas même St-Véran, ne semblait pouvoir rivaliser avec Hawaii (découvert par G. Kuiper), qui sera prospecté en 1971 par la mission Delhaye/Charvin/Wlérick à la demande d'André Lallemand. L’idée d’un site français fut alors abandonnée fin 1971, le site d'Hawaii étant définitivement choisi le 1er février 1972. Le problème des crédits (dépense totale presque doublée) poussera la France à rechercher un partenaire financier et H. Curien (Directeur général du CNRS) se tournera vers le Canada. On connaît la suite, le télescope français de 3.50m deviendra le TCFH, télescope de 3.60m situé sur le volcan Mauna Kea de la grande ile d’Hawaii.


Le télescope Canada-France-Hawaii de 3.60m

Jean Delhaye fut Directeur (1968-1971) de l'Observatoire de Paris avant d'être Directeur (1971-1979) de l'INAG. Le 14 février 1972, il écrira dans une note d'information: "La campagne de prospection nous aura permis de sélectionner et de bien connaître quelques sommets du territoire français; nous aurons certainement besoin de l'un d'eux pour une station astrophysique d'altitude".

30 juin 1973, Eclipse de soleil observée à bord de Concorde 001(5) ainsi que par des équipes au sol en Afrique (Mauritanie). Parmi ces équipes figurent deux équipes (responsables B. Fort et J.-P. Picat) du groupe "Caméra électronique" (resp. P. Felenbok) de l'observatoire de Paris. Jean Bérezné, qui travaillait à l'observatoire de Meudon à cette époque, a réalisé ces images à Atar.
Un film
à également été réalisé par G. Dassonville pour le service du film scientifique du CNRS.

Concorde 001 et l'éclipse du 30 juin 1973


En Février 1974, le Conseil de direction de l'INAG, suite à une demande de R. Michard (Président de l'Observatoire de Paris de 1971 à 1976), dit que si une station d'astrophysique d'altitude à vocation nationale est réalisée à l'avenir, ce sera à Saint-Véran.

Eté 1974, P. Felenbok est responsable de la construction de l’observatoire de Saint-Véran. Une station de coronographie solaire (le coronographe a été inventé par Bernard Lyot dans les années 1930, il permet l'observation de la couronne solaire en dehors des éclipses) y sera maintenue jusqu’en 1982.
Bien sûr, une telle construction, à 3000m d'altitude, ne s'est pas faite en un jour(1). Elle aura mobilisé un grand nombre d'acteurs!

- Juin/Juillet 1974, la coupole de Paris arrive à Saint-Véran, sur le parking du village. Il faut ensuite la monter morceau par morceau jusqu'au sommet avec un camion Unic revenant de Mauritanie (voir la page consacrée à l'éclipse de 1973). La piste qui mène au Pic de Chateaurenard a donc été réalisée quelques temps avant...

La coupole en cours d'acheminenment au Pic de Chateaurenard
Dans le camion J.-E. Chabaudie et R. Bellenger

Comme la coupole fait 18 tonnes et que le camion ne porte que 1,8 tonne, à raison de 2 voyages et un plein d'essence par jour, il faudra plus de 10 jours pour le transport au sommet!
- Août 1974, la cabane "Faure" ainsi que les fondations de la coupole sont en cours de réalisation. Le pilier de cette dernière est coulé. Des rochers sont dynamités pour réaliser la cabane des groupes électrogènes.

Le pilier du futur coronographe et les fondations de la coupole de Paris en cours de construction

- Automne 1974, Les premières neiges arrivent en septembre, arrêt du chantier. Il faut haubaner la coupole pour qu'elle puisse passer l'hiver sur ses roulements... et non au fond de la vallée!

La coupole haubanée, prête à passer l'hiver 1974/1975


En 1990, sous l’impulsion de P. Felenbok et de J. Léorat ( LUTH), une association d’astronome amateurs, AstroQueyras, gèrera l’ensemble de la station.

Le 3 Août 2015, inauguration du nouvel Observatoire de Saint-Véran puis, le 9 juin 2016, c'est le tour de la Maison du Soleil.

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Notes

1.      (1) Remerciements à R. Bellenger, qui a participé à la construction de l'observatoire de 1974 à Saint-Véran, pour les informations et les documents transmis

2.      (2) J. Léorat, communication personnelle

3.      (3) Des Hommes, des télescopes, des étoiles, C. Fehrenbach, Ed. Vuibert

4.      (4) Rapports INAG 1970 (disponibles à la bibliothèque de l'Observatoire de Paris)

5.      (5) Concorde 001 et l'ombre de la lune, P. Léna, Ed. Le Pommier

On pourra également consulter les éléments suivants:
Création d'un complexe de diffusion de la culture scientifique autour de l'astronomie à 3000m
Rénovation de l'Observatoire de mission du Pic Château-Renard (M. Raimbault)
Les albums photo de D. Menel qui donnent une idée de l'évolution des travaux récemment réalisés.